À la rencontre d’une star de Noirmoutier  : la bonnotte.
AVRIL 2018
85330 Noirmoutier

C’EST LA STAR DE L’ÎLE. SUR LE MARCHÉ, ELLE FAIT LA UNE DE TOUTES LES ARDOISES OÙ SONT FIÈREMENT INSCRITS CES QUELQUES MOTS  : «  LA BONNOTTE DE NOIRMOUTIER  ». ELLE S’EXHIBE DANS LES ÉTALS ET SON ALLURE NOUS INTRIGUE. CETTE POMME DE TERRE PAS COMME LES AUTRES NOUS DONNE ENVIE DE NOUS METTRE À TABLE, ET DE TOUT VOUS DIRE.


Sur l’île vendéenne, la bonnotte se déguste comme un trésor retrouvé. Elle est fragile, nous dit-on. Assez solide, pourtant, pour ressurgir après des années de disparition et se hisser jusqu’aux cuisines des plus grands chefs du monde…

«…C’est une pomme de terre qui doit être plantée et ramassée à la main»

Son histoire est aussi savoureuse que son goût. Originaire de Barfleur dans la Manche, ce petit tubercule arrive à Noirmoutier entre les deux guerres, dans les bagages d’un cultivateur visionnaire. Appréciée des Noirmoutrins dans les années 1950, elle disparaît de l’île dix ans plus tard avec l’ère de la mécanisation. Trop frêle, pas très jolie, trop compliquée à cultiver. C’est une pomme de terre qui doit être plantée et ramassée à la main. Les temps ne sont pas aux «  pommes de luxe  »  ! Mais la bonnotte n’a pas dit son dernier mot. En 1995, celle qui est restée ancrée dans la mémoire des cultivateurs locaux fait son grand retour. Pour faire revivre la star déchue, la Coopérative Agricole de Noirmoutier entre en scène et s’adresse à l’INRA de Brest qui la recrée à l’identique dans ses laboratoires. Les agriculteurs de l’île peuvent alors de nouveau cultiver ce petit trésor retrouvé…

« pomme de terre la plus chère du monde…»

… En 1996, date de son retour sur le marché, la bonnotte connaît un accueil triomphal. Mise aux enchères à l’Hôtel de Drouot, elle se vend à plus de 400 € le kilo. On la déclare «  pomme de terre la plus chère du monde  ». Coup de pub ou coup de génie, ici débute la renommée internationale de la petite vendéenne.
Si son prix est plus accessible aujourd’hui, elle demeure une véritable pépite prisée des fins gourmets.
Comme les chefs d’œuvre de Drouot, la bonnotte reste à la mode et se savoure dans le temps.
Une histoire d’époque, certes. Mais une histoire de goût avant tout. Elle est ferme et tendre, respire la châtaigne fraîche. Sa chair gorgée de goémon invite au voyage. À Noirmout’, on la croque sans artifice, à la vapeur ou juste blanchie. Du pain, du beurre et du sel suffisent à sublimer la petite chouchoute des insulaires…

«…Comme pour toutes les perles, elle se produit en quantité limitée»

Pour lui donner cette saveur unique, on la choie comme un bonheur éphémère. Cultivée dans une terre très sablonneuse selon une technique de profilage du sol unique, elle est récoltée avant maturité à 90 jours. Comme pour toutes les perles, elle se produit en quantité limitée. À peine une centaine de tonnes par an. La bonnotte se mérite. Et lorsqu’elle se livre enfin début mai, on la célèbre comme un enfant prodigue lors d’une fête annuelle donnée en son honneur.
Comme tous les légumes à la mode, vous l’aimerez pour son aspect étrange et provocateur. Elle n’est pas vraiment belle, elle est faite pour vous. Alors à vos agendas  : la récolte va commencer  !

TEXTE: DOROTHÉE PIERRY
PHOTOS:MARC BROUSSARD
My Image

My Image

My Image
My Image

My Image