Mamo | Loire Vallée Magazine

Le Mamo d’Ora-ïto, une histoire de fada
Marseille
2018

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L’histoire ne date pas d’hier, elle est même inscrite dans le béton depuis les années cinquante. À Marseille, pourtant, la Cité radieuse se réinvente au gré des joies du design et de l’architecture. Brutale, diront certains. Provocante aussi, parfois. Mais délicieusement subtile et toujours à la mode, la prouesse de Le Corbusier résiste aux bourrasques du Mistral et du temps. Pour mieux comprendre ce qu’elle est aujourd’hui, on vous mène jusqu’à son immense toit-terrasse où se niche le Mamo du prodigieux Ora-ïto. Un peu de hauteur, je vous prie.

« 
Le prolétaire de l’architecture » : c’est ainsi que fut longtemps considéré le béton, comme l’explique Jean-Michel Wilmotte dans son Dictionnaire amoureux de l’Architecture. On le cache derrière des matériaux plus nobles. On le dévoile, parfois, par facilité ou par urgence, dans les reconstructions nécessaires de l’après Seconde Guerre mondiale.
Il fut un homme parmi d’autres, pourtant, pour croire à sa grandeur. Et lorsqu’on fait appel à lui pour la construction de la Cité radieuse marseillaise à la fin des années quarante, Le Corbusier signe un coup de maître reconnu et
« apporte à l’architecture contemporaine la certitude d’une splendeur possible du béton armé… ».

Cette unité d’habitation novatrice, aussi surnommée le « paquebot », ne surprend pas que par l’aspect brut de son apparence. Conçue comme un immeuble se mouvant en maison, la Cité radieuse intrigue le visiteur par l’originalité de son concept. Il y a le fond et la forme. Et c’est certainement ce qui a séduit l’audacieux designer Ora-ïto.

En 2013, ce jeune prodige, dont l’insolence et l’ambition ont fait la renommée, acquiert sur un coup de tête le gymnase de la Cité radieuse. « Une des décisions les plus déraisonnables » de sa vie, se plaît-il à dire, mais « aussi une des meilleures ».

Une fois propriétaire du gymnase, Ora-ïto transforme ce lieu niché sur le toit du Corbusier en un centre d’art immense, ouvert au ciel phocéen et aux yeux du monde. Ainsi nait le « MAMO », pour Marseille et Modulor. Avec ce clin d’œil adressé au géant MOMA, le ton est donné. Une histoire de fadas, vous dirait-on ici. Fadas d’architecture, de grandeur et de design.

Ainsi, vous ne vous hisserez plus jusqu’au rooftop du « paquebot » par hasard. Vous grimperez en ces lieux pour savourer la rencontre entre deux hommes, celle du visionnaire Le Corbusier avec le futuriste Ora-ïto. Vous vous amuserez du culot de l’un, puis de l’autre. Vous découvrirez peut-être l’exposition de l’été. Et si toutefois vous souhaitez prolonger ce voyage au cœur de l’art contemporain, vous n’aurez qu’à faire un saut dans la librairie du troisième étage qui a fait peau neuve durant l’été 2017. Des merveilles de livres spécialisés en architecture et en urbanisme vous feront planer encore un peu plus. C’est l’impression charmante que nous laisse ce MAMO : une fois là-haut, on ne redescend plus tout à fait…

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Texte: Dorothée Pierry
Photographies: Marc Broussard

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